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GÉOGRAPHIE.

le torrent de Chamonix. 7 000 hectares se versent en Italie, dans la Doire Baltée, affluent du Pô ; et plus de 4 000 s’inclinent vers la Dranse valaisane et le Trient, torrents suisses du bassin du Rhône.

L’un de ces blocs immenses d’eau compacte, le glacier des Bossons, descend jusqu’à 1 099 mètres, tout à fait dans la vallée de Chamonix, dont le chef-lieu est à 1 050 mètres d’altitude. Ces glaciers ont longtemps avancé ; l’on eût dit qu’ils marchaient à la conquête des plaines de France et d’Italie ; depuis vingt ans, ils reculent ; plus tard ils reprendront le chemin d’aval, puis celui d’amont. En même temps que l’extrémité d’en-bas des glaciers, monte ou descend aussi la frontière inférieure des neiges persévérantes, qui est pour l’instant à 2 800 mètres environ sur le versant méridional, à 2 700 mètres sur le versant du nord.

Tel est ce géant des monts d’Europe, si beau dans sa blancheur immaculée, quand, venant de Genève, on l’aperçoit tout à coup du fond de la vallée de Salanches.


3o Du Mont-Blanc aux Alpes Maritimes. — Il y a des Alpes françaises qui rivalisent avec le Mont-Blanc.

Les monts de la Vanoise et de l’Iseran portent ensemble plus de glace éternelle que le Goliath des Alpes. L’Aiguille de la Vanoise, également nommée Aiguille de la Grande Casse et Pointe des Grands Couloirs (3 861 mètres), est la reine de ce peuple de pics enfouis dans les mélèzes, les pins, les sapins et les neiges.

Les glaciers de l’Iseran, sur la frontière italienne, créent trois rivières : le terrible Arc ; la puissante Isère, dont le nom est, de toute évidence, parent du mot Iseran ; et en Piémont, l’Orco, tributaire du Pô sous Turin ; les glaciers de la Vanoise augmentent beaucoup l’Isère, qui est le torrent de la Tarentaise, et quelque peu l’Arc, son affluent, qui est le torrent de la Maurienne.

La Tarentaise a plus de goitreux que les autres pays de la Savoie. Ces derniers des humains, comme par une