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FRANCE.

trente-cinq ans dans les villages les plus décimés par la fièvre paludéenne, la densité de population s’est augmentée d’un quart.

La Bresse, au nord de la Dombes et plus grande qu’elle, se déroule entre le Jura, la Saône et le Doubs tout à fait inférieur ; elle couvre le nord-ouest de l’Ain : et une portion de Saône-et-Loire. La basse Veyle, la Reyssouze, la Seille dormante sont les rivières de cette plaine zébrée de bois, qui fut peut-être un lac de la Saône, quand cette rivière n’avait pas encore forcé le passage en amont de Lyon, à travers les roches qui rattachaient le Mont-d’Or à la Dombes méridionale. Elle eut, elle a des marais, mais bien moins que la Dombes, et la fièvre n’y fit jamais autant de victimes. Néanmoins, tel de ses étangs devrait être séché, telle de ses spongieuses prairies dégagée par des canaux, telle de ses indolentes rivières rendue plus vive par des sections d’isthme, des comblements de bras morts et des suppressions de barrages d’usines. Si platement qu’elle s’étale, la Bresse descend assez du Jura vers la Saône pour qu’on puisse n’y souffrir aucune stagnance des eaux.

Au nord du cours fantasque du Rhône, entre Genève et l’embouchure de l’Ain, toutes les chaînes parallèles s’appellent Jura. Au sud du fleuve, elles cessent de porter ce nom, on les comprend dans les Alpes ; mais leur nature et souvent leur direction les rattachent au Jura, dont sans doute elles firent partie. Tout montre que le fleuve n’a pas toujours coulé dans son lit contemporain ; il fut un temps où il n’avait pas encore limé les monts qui l’enchaînent aujourd’hui, de l’évasement de Genève aux plaines de Lyon. À l’époque où le défilé de Pierre-Châtel était un bloc de roche vive, le Rhône, qui passe maintenant dans cet étroit couloir, se frayait vers la Méditerranée des sentiers qu’il abandonna : il s’achemina peut-être par le lac d’Annecy et Albertville ; puis à une autre période par le lac du Bourget, Chambéry et le lac d’Aiguebelette ou le val que suit aujourd’hui l’Isère. Ces mutations de vallée semblent