Page:Reclus - France, Algérie et colonies, 1886.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
FRANCE.

Les rivières du Jura français sont l’Ain, le Doubs, la Loue.

Les lacs n’y manquent point, mais s’il en est de beaux, il n’y en a pas de grands, tandis que Le Jura suisse, qui domine le Léman (57 700 hectares), plonge sur les lacs de Neuchâtel (24 000 hectares) et de Bienne (4 200 hectares). Le Saint-Point, la plus vaste de ses nappes d’eau, n’a que le dixième de l’aire du lac de Bienne ; c’est une longue expansion du Doubs, un lac de vallée, par opposition aux lacs de cluse et aux lacs de combe. Le lac de Nantua, profond de plus de 45 mètres, a 144 hectares : des montagnes le resserrent, parois vives ou talus escarpés avec des sapins, des buis, des hêtres, et, comme les autres lacs de cluse, il serait sévère s’il n’avait à l’un de ses bouts une ville, à l’autre une plaine. Le lac de Chalian (220 hectares ?) est le plus grand des lacs de combe, lesquels sont moins profonds, moins sombres que les lacs de cluse (et il en est de même des lacs de vallée).

Des arêtes intérieures du Jura, cernées par d’autres arêtes, la vue est courte et triste, excepté du front des rochers qui regardent le précipice des cluses, l’effondrement des cirques et l’argent des rivières. Fût-il circulaire, le panorama n’y embrasse qu’étangs, sapins et prairies, avec quelques champs ; et par la hauteur de leur socle, les monts les plus hauts ne sont ici que des collines. Mais des deux arêtes extérieures, le spectacle est immense : des créneaux du talus d’Orient, le plus haut de tous, on voit le Léman, le Jorat, la Suisse de l’Aar, les grandes Alpes, les névés éclatants, le Mont-Blanc, notre Gaurisankar. Des créneaux du talus d’Occident, plus bas que tous les autres, une plaine fuit jusqu’à des montagnes bleues où sombre le soleil. Cette plaine, entre Saône et Jura, s’appelle de deux noms : au sud la Dombes, au nord la Bresse.

La Dombes est à 260-300 mètres d’altitude ; elle a 113 000 hectares, dans le département de l’Ain, entre le