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COLONIES FRANÇAISES.

dérisoirement l’usage de trois canons. Ses 5 120 habitants, Français, où dominent le sang breton, le sang normand, le sang basque, croissent régulièrement par l’excédant des naissances.


Saint-Pierre, dans l’île du même nom, est une ville en bois, aux maisons d’un étage, sur un port de peu de profondeur à mer basse ; elle a pour horizon des collines portant des sapins rudimentaires, les plus grands allant à la ceinture, quelques-uns peut-être jusqu’à l’épaule d’un homme ; et sur ces « forêts », comme sur les roches ternes, les écueils, les sables du pauvre archipel, le ciel, presque toujours, est triste.




2o Antilles françaises. — Les Antilles, chaîne de grandes et de petites îles, commencent par Cuba, s’achèvent par la Trinité. Cuba, la terre la plus vaste de ces mers, est voisine de la Floride, presqu’île de l’Amérique du Nord ; la Trinité veille sur le delta de l’Orénoque, l’un des larges fleuves de l’Amérique du Sud. Sous un climat très chaud, mauvais, cet archipel, qui a des îles admirables, porte plusieurs millions d’hommes, Blancs, Noirs ou Mulâtres. Les anciens maîtres, les Indiens, ont disparu : la civilisante Europe, également représentée par ses « Latins » et ses « Saxons », les extermina dès qu’elle eut mis le pied sur ces plages fécondes.

La France y massacra pour sa part ; elle y colonisa beaucoup d’îles, notamment Saint-Domingue, terre splendide. Plusieurs ont passé dans les mains des Anglais ; le soleil du tropique et la fièvre aidant, Saint-Domingue a conquis son indépendance, mais ses 600 000 à 800 000 Noirs et Mulâtres jargonnent toujours le français créole, que parlent 1 500 000 hommes, aux Antilles, en Louisiane, en Guyane : ce patois plein de douceur, de lan-