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GÉOGRAPHIE.

à peine quelques centaines, la plupart originaires de la Gironde, Bordeaux ayant de tout temps fait commerce avec ce pays de la gomme. Mais il ne faut pas outrer l’insalubrité de cette contrée, qui nous est cent fois plus précieuse qu’on ne pense. Ceux qui connaissent à la fois le Sénégal et le bas Niger, ou le littoral guinéen, ou le Gabon et l’Ogôoué, ou mainte autre région du Tropique d’Asie, d’Afrique et d’Amérique, n’hésitent pas à préférer le fleuve de Saint-Louis. La côte de l’Atlantique sénégalais est saine, Saint-Louis peut le devenir ; la rive droite du Sénégal, terre mi-saharienne, sol de sable, a pour habitants des hommes chez qui le sang blanc domine ; enfin, dans la montagne où s’épanchent les sources du Bafing, du Bakhoy, de la Falémé et de plus d’un affluent du Niger dont nous allons avoir et le nom et le cours, il y a sûrement, à 1 000, 2 000, ou même 4 000 mètres de haut, des sites faits pour les familles du climat tempéré. Malgré tout, l’année n’y est pas éternellement électrique, ou tépide et molle ; elle a sa saison fraîche. Si les Français de France s’y acclimatent mal, il n’en sera pas de même de la race européenne et francophone qui naît sous nos yeux à Laghouat, à Bou-Saada, à Biskara : ces gens-là, destinés, tout le fait croire, à régner sur le coude du Niger, ne craindront point l’air des marigots sénégalais. D’autres qui le craindraient moins encore, ce sont les Nègres de nos Antilles, de Maurice, de Bourbon, qui porteraient à Saint-Louis notre langue, notre religion, et ce que les mélanges leur ont donné de notre sang.

Par la force de son soleil et l’abondance de ses pluies en leur saison, le Sénégal, en plein sous le Tropique, est un pays de grande production. Le colossal baobab, tronc de 36 mètres de tour avec 150 mètres pour le cercle des branches, le coton, l’arachide, le béraf, l’indigo, la gomme, il donne avec profusion toutes les plantes et les herbes de son climat ; il a des bœufs sur de magnifiques pâturages, l’hippopotame y remplit les fleuves, les