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COLONIES FRANÇAISES.

petit monde « canaque » dont les sauvages ont presque tous accepté le protestantisme ou le catholicisme,




2o Taïti. — Taïti, Mooréa ou Aiméo, Tétouaroa et Maïtéa, dans l’archipel de la Société, reconnaissent le protectorat de la France. Ces quatre îles réunies, à peine le cinquième d’un département français, ont 22 000 habitants, des Polynésiens, venus autrefois des Samoa et ayant ensuite essaimé les colons qui peuplèrent l’archipel des Haouaï ou Sandwich.

Taïti, qui n’a que 25 000 hectares cultivables, a rempli l’univers de son nom. Il n’est pas de plus ravissant séjour, sous un plus admirable climat, tiède grâce au soleil du Tropique, frais grâce aux brises de l’Océan. Bien qu’à 17 degrés seulement de l’Équateur, la chaleur y monte rarement à 31 degrés et y descend rarement à 14, au mois de juillet, le janvier de là-bas. La moyenne annuelle, au bord de la mer, est de 24 degrés ; mais dans la montagne chaque val, chaque ressaut, chaque pie, a le climat de son altitude. La plus haute cime, l’Orohéna, domine la mer de 2 237 mètres ; le Diadème est un volcan refroidi.

Près des bois de cocotiers, sous les arbres à pain dont le fruit les nourrit, les Taïtiens vivent heureux au bord des ruisseaux tombés de la montagne. Ils sont grands, très bien faits, souvent beaux de visage. Ils parlent une langue mélodieuse, presque sans consonnes, gracieusement enfantine, et passent pour les plus voluptueux des sauvages. Les premiers Européens qui virent Taïti furent émerveillés de la bonne grâce de ce petit peuple, et Bougainville appela ce lieu charmant la Nouvelle-Cythère.

Taïti n’a plus, et n’a sans doute jamais eu les 80 000 Taïtiens que lui donnait Cook. Ces beaux sauvages ont pris le vêtement européen, quelques coutumes des Blancs,