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GÉOGRAPHIE.

C’est dans le nord de l’île que se dressent les cimes les plus fières qu’on ait mesurées jusqu’à ce jour, là aussi que serpente la plus longue rivière.

La montagne la plus élevée, au-dessus de la côte du nord-est, a 1 700 mètres ; elle a détrôné le Humboldt (1 610 mètres), le Cando des sauvages, mont du sud qu’on avait pris d’abord pour le géant calédonien.

Parmi les torrents qui, de ravine en ravine, à travers des bois d’un vert foncé, s’abandonnent à la raideur de ces monts et courent à la mer d’orient ou à celle d’occident, le plus long, le Diahot, rivière aurifère, finit tout au nord de l’île, sur les plages qui virent Cook aborder en Calédonie.

La Calédonie, climat heureux, a une saison chaude où le thermomètre dépasse rarement 32 degrés, et une saison froide.

Froide ici veut dire fraîche, car dans les mois les plus rudes, qui sont juillet et août[1], le mercure ne descend jamais au-dessous de +9°, au bord de la mer s’entend ; la montagne, suivant ses altitudes, est moins ou beaucoup moins tempérée. En moyenne, il tombe un mètre de pluie par an.

Mais la douceur de ce beau climat n’en est point la première vertu : elle ne vaut pas sa parfaite salubrité. Bien que la Calédonie s’allonge entre le Tropique et l’Équateur, les Européens y vivent sans péril, ils y cultivent en plein soleil, ils y créent des familles robustes. Les Franco-Calédoniens vantent son air pur, les galériens qu’on y débarque trouvent en toute saison le joyeux printemps ; ils n’y meurent point à milliers comme ils mouraient en Guyane.

On attribue ce climat innocent à diverses causes : la Calédonie est une île étroite, accessible en tous lieux aux vents de la mer ; les alizés y soufflent une partie de l’an-

  1. En Nouvelle-Calédonie, terre australe, les saisons se comportent à l’inverse des nôtres.