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COLONIES FRANÇAISES.

qui nous manque, si le Canada n’est qu’un souvenir et l’Algérie qu’un espoir.

Nous n’aidâmes point les calvinistes qui s’établirent, vers le milieu du seizième siècle, dans la baie où fleurit aujourd’hui Rio de Janeiro ; au dix-septième siècle, nous ne jetâmes pas au Canada vingt mille hommes quand il en aurait fallu jeter un million, et nous perdîmes sous les murs de Québec l’empire de l’Amérique du Nord ; au commencement du dix-huitième, nous avons vendu la Louisiane, val et delta d’un fleuve prodigieux. Nous avons laissé prendre par les Anglais l’Afrique du Sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande. Éternellement trompée par des mots éclatants, la France a même longtemps méprisé l’Algérie, dernier don de la Fée bienfaisante.

Trop de Français rêvent encore à la Belgique, un des plus petits pays du monde ; à la frontière du Rhin, qui nous donnerait des Allemands. Et pendant ce temps, les Anglais, les Russes, les Espagnols et les Portugais couvrent la Terre. L’astre étranger monte au ciel et nous assistons sans amertume au soleil couchant de notre nationalité.

À part l’Algérie, qui n’est point colonie mais « terre de France », nous possédons encore :

En Asie, cinq villes de l’Inde et la Cochinchine, avec le protectorat du Cambodge : environ 14 millions d’hectares et 2 872 000 âmes ;

En Océanie, la Nouvelle-Calédonie, Taïti, les Marquises et quelques tout petits archipels, non pas d’îles, mais d’îlots, de récifs, de coraux, d’atolls : environ 2 900 000 hectares et moins de 100 000 âmes ;

En Afrique, la Sénégambie, le Gabon, Bourbon, Mayotte et autres îles du tour de Madagascar. Le Sénégal et le Gabon n’ayant d’autres limites que celles de notre volonté, nul ne sait sur combien de millions d’hectares nous dominons en Afrique.

En Amérique, Saint-Pierre et Miquelon, diverses An-