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ALGÉRIE.

portèrent sur les naissances ; puis à partir de cet an « climatérique » les naissances sur les morts. La Nouvelle-France était fondée !

En 1833 il n’y avait pas encore 8 000 Européens en Algérie ; pas 15 000 en 1836 ; en 1841 on en trouve 37 000 ; 95 000 en 1845 ; 131 000 en 1851 ; 161 000 en 1856 ; 193 000 en 1861 ; 218 000 en 1866 ; 280 000 en 1872 ; 345 000 en 1876 (et avec la population en bloc, près de 354 000).

Les 345 000 Européens du recensement de 1876 comprennent 189 000 Français et 156 000 Étrangers. Et parmi les 189 000 Français, 156 000 sont de vrais Français, et 33 000 des Juifs naturalisés.

Les 156 000 Français, armée, population en bloc et population flottante à part, sont pour les deux cinquièmes des fils de l’Algérie elle-même, près de 65 000 d’entre eux étant nés en Afrique de familles françaises. Parmi ceux qui viennent de la vieille France, la grande majorité sort de nos départements du Midi ; c’est de Vienne ou Valence à Marseille et de Toulouse ou Carcassonne à Menton, et là seulement, que l’Algérie attire les Français : franchir un lac d’azur et vivre ensuite sous un soleil congénial, dans le pays de l’huile et du vin, il n’y a rien qui puisse effrayer le Provençal, le Languedocien, le Catalan du Roussillon, nés dans la patrie des plus riches vignobles[1], dans le canton français du pâle olivier. En dehors de la France méditerranéenne et du Rhône inférieur, les trois provinces renferment beaucoup de Béarnais, de Gascons, de Dauphinois, de Francs-Comtois, d’Alsaciens, de Lorrains, de Parisiens. Et d’ailleurs tous nos départements contribuent à l’œuvre nationale : ceux qui n’y envoient pas directement de colons y laissent quelques-uns de leurs hommes, soldats, fonctionnaires, touristes, rentiers séduits par l’éclatante Afrique.

En 1833, il n’y avait encore que 3 500 Français dans

  1. Avant le phylloxéra.