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FRANCE.

1 061 mètres ; son site le plus fameux, c’est la Balme de Montbrul, colonnade basaltique de 150 mètres de hauteur avec dix-huit à vingt étages de grottes inégales, creusées jadis par nos ancêtres les habitants des cavernes.

C’est au sud-est du Mézenc que s’étalent les chaînons du Tanargue et le dos du Coiron ; c’est au nord, entre la Loire et son affluent le Lignon du sud, que se développe le Mégal.

Le Mégal, qui, vu de loin, des mamelons vellaves, a quelque chose de la dentelure des Pyrénées, est un massif gneissique couvert par la pâte refroidie des cratères. Ses cônes phonolithiques assis sur les hauts plateaux d’Yssingeaux sont peut-être faits de la dégradation d’une coulée prodigieuse qui, partant du Mézenc, aurait dépassé les lieux profonds où coule aujourd’hui la Loire et se serait enfin buttée, en même temps que les laves du Velay, contre l’obstacle des monts de la Chaise-Dieu, grand bloc granitique. Soit qu’un gigantesque fleuve de pierre fondue ait lentement voyagé de ce volcan à ces granits, soit que les cratères de l’ouest ou cratères vellaves aient eu part, comme ceux de l’est, Mézenc ou Mégal, à la formation des levées de basalte en avant du Puy, toujours est-il que la Loire perce deux fois la pierre volcanique par de superbes défilés : d’abord de Peyredeyre à la Voûte ; puis à Chamalières, entre le Miaune et le Gerbizon ; ici, à Chamalières, les gorges du fleuve, qui n’est, du moins en été, qu’un clair torrent, ont été sciées à 500 mètres de profondeur dans la lave et les roches plus dures que cette lave cachait à la lumière.

Autant que les orgues, les dykes et les roches sombres ou rougeâtres du Velay, les épanchements du Mégal, tels que le temps les a faits, contribuent à la beauté singulière de la Loire supérieure dans le bassin du Puy-en-Velay. Le principal pic de cette chaîne est le Mégal ou Testoaire (1 438 mètres) ; son unique lac est le lac de Saint-Front ou d’Arcône, à l’ouest de Fay-le-Froid, au nord