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GÉOGRAPHIE.

lomètres, sa largeur de 10 à 25, son étendue de 27 654 hectares, sa profondeur très faible en été ; ses eaux font place à de vastes tapis de sel. Les plaines qui l’entourent n’attendent que des canaux fournis par les oueds de la montagne hodnéenne pour mériter leur vieux surnom de « Métidja du sud », et justement ces oueds roulent des eaux abondantes, au moins ceux qui viennent du nord, d’une haute chaîne çà et là sylvestre dont les maîtres pics ont en hiver des tiares de neige : tous ces torrents, coulant dans des vallées étranglées, sont comme faits pour des étagements de réservoirs.

Le plus fort des oueds hodnéens, le Ksab (135 kilomètres), descend de la Medjana, reçoit les eaux de Bordjbou-Aréridj et passe à Msila ; sur un de ses tributaires du sud est Bou-Saada : Msila, comme Bou-Saada, n’a que fort peu d’Européens encore : arabes, kabyles et juives, ces deux villes deviendront françaises à mesure que s’étendra le réseau des séguias[1]. On prétend que les Romains, et après les Romains les Berbères, avaient soumis à l’irrigation plus de 100 000 hectares dans le Hodna ; de nombreux restes en témoignent, barrages, maçonneries, châteaux d’eau diviseurs, traces de canaux et de rigoles.

À l’ouest du Hodna, dans les provinces d’Alger et d’Oran, le Steppe s’écarte plus de la nature du Tell, notamment sur la table des plateaux oranais : monts au nord et monts au sud ; grands lacs salés qui sont des chaudières d’évaporation avec plus de sel que d’eau ; lits d’oueds desséchés entre des berges d’argile, de sable, de schiste ou de calcaire ; rédirs ou flaques dans les cuvettes à fond étanche ; puits saumâtres ; pâturages verts ou roux suivant la saison ; champs à perte de vue couverts d’alfa, de chiehh et de diss, plantes textiles ; bouquets de jujubiers sauvages et de bétoums ou térébinthes ; climat extrême ayant des froids de −5, −10, −12 de-

  1. Canaux d’arrosage.