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GÉOGRAPHIE.

monts riants, sylvestres, salubres, non loin d’une bourgade sise à 958 mètres, la musulmane Tifech qui, sous les Romains, s’appela Tipasa ; parmi ses fontaines, Aïn-Khellakhel, dans la plaine de Tifech, verse 440 litres par seconde. Elle ne prend le nom de Seybouse qu’au confluent du Bou-Hamdan ou Zénati (90 kilomètres), qui vient de baigner la vallée d’Hammam-Meskhoutin : les Bains-Enchantés[1], dans un site merveilleux, sont des eaux presque bouillantes (95 degrés), des sources efficaces, future ville d’hiver qu’on vantera comme celles de Provence et de Ligurie.

Désormais large de 60 mètres en moyenne, la Seybouse passe à 2 kilomètres de Guelma, à Duvivier, où le chemin de Tunis s’embranche sur celui de Bône à Constantine. Elle s’achève à 2 kilomètres de Bône, près des ruines d’Hippone, la ville de saint Augustin.


La Mafrag, toute en tortuosités, n’a pas 100 kilomètres ; elle serpente dans un val encore sans Européens, parmi des forêts de chênes-lièges. Commençant au nord de Souk-Harras, dans des monts de 1 000 à 1 400 mètres, elle a sa fin dans le golfe de Bône, aux dunes de la Mafrag.

Du cap Rosa jusqu’à la frontière de Tunis, la distance est courte : ici encore, nous nous sommes laissé ravir par nos voisins des terres qui relevaient immémorialement de l’Algérie ; mais cet accroc à notre limite orientale n’est pas aussi grave que l’empiètement du Maroc sur notre lisière de l’Ouest, par suite du coupable abandon de la ligne de la Malouïa : avec ce qu’elle nous a pris, la Tunisie est encore une toute petite contrée cinq à six fois moindre que l’Algérie, et déjà vassale.

Cette fin du littoral français montre encore une vieille tour signalant au peuple nouveau qui grandit dans l’Afrique du Nord le premier établissement fondé par ses an-

  1. C’est ce que veulent dire ces deux mots arabes.