Page:Reclus - France, Algérie et colonies, 1886.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
62
GÉOGRAPHIE.

Soulhiol, cône rougeâtre entre l’Ardèche et le Lignon, a versé ses entrailles sur cette rivière et sur ce torrent, de même que la Coupe de Jaujac ; celle-ci, rouge au milieu de monts gris, est un cône harmonieux que les météores n’ont point dégradé, elle a gardé la pureté de sa forme ; une forêt de châtaigniers escalade ses pentes, elle envahit son cratère ; à ses pieds le Lignon coule à 50 mètres de profondeur entre un payé des géants et un mur de granit.

Un affluent de gauche de l’Ardèche, la Volane, qui est la rivière de Vals et d’Antraigues, a limé ses gorges dans les laves de la Coupe d’Ayzac ; en remontant ce torrent jusqu’à l’origine de son eau tapageuse, on arrive au plateau de la Champ-Raphaël. Là se détache, courant au sud-est, une chaîne qui de mont de granit se fait mont de calcaire, puis va tomber sur la rive droite du Rhône, à Rochemaure, après avoir séparé la vallée d’Aubenas du bassin de Privas.

C’est le Coiron, qui cache aussi ses roches primordiales sous une draperie de laves. Mais ce vêtement, qui a parfois jusqu’à 125 mètres d’épaisseur, ce manteau fait de porosités autant que de matière, le temps, les eaux endiablées des cascades, les crues tourbillonnantes, les météores l’usent ; là où il a cessé d’habiller les calcaires, ceux-ci tombent rapidement en ruines ; là où il les couvre encore, sa lave tombe à grands pans lorsque l’eau sournoise a suffisamment abaissé le socle calcaire par le délaiement et le transport des argiles et des marnes. Le Coiron, qui eut de larges épaules, devient de plus en plus une arête étroite, avec des sillons de torrents poussant des eaux rares à l’Ouvèze, au Rhône, à l’Ardèche : sillons très profonds que tout orage creuse, si bien qu’un jour, à force de ronger chacun de son côté le vieux Coiron, les ravins des versants opposés tailleront, puis agrandiront des cols, et, de siècle en siècle, feront plusieurs montagnes de ce qui fut un seul plateau.

La plus haute cime du Coiron, le Roc de Gourdon, a