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GÉOGRAPHIE.

la province de Constantine deviendra la tête de la colonie ; elle vaudra ce que le Maroc a de supérieur si nous nous étendons sur toute la montagne de l’Afrique du Nord.

En aval du formidable roc de Constantine, le Roumel boit le Hamma ou Hammam, rivière dont le seul nom dit qu’elle sort de sources thermales : les fontaines à 33 degrés qui la forment donnent près de 700 litres par seconde, et l’oued, baignant des palmiers, coule entre des jardins magnifiques, sous un climat bien plus doux que celui de Cirta, battue par les vents et visitée par la neige. Du confluent de ces eaux chaudes auxquelles le vallon du Hamma doit en partie la mollesse de sa température, le fleuve se dirige vers un kheneg ou défilé qu’on dit aussi grandiose que celui de Constantine : là était Tiddis, bourgade romaine.

Laissant à gauche le beau massif de Mila, couvert de colonies nouvelles, la rivière de Constantine rencontre, à gauche, le torrent du Ferdjioua, pays de Berbères, l’Oued-Endja (120 kilomètres), venu des monts de Djémila, qui fut le Cuiculum des Romains, lieu de belles ruines. Puis, de coupure en coupure, une dernière gorge la transmet à la mer, sous le nom d’Oued-el-Kébir, près des vestiges de Tucca.


Au nord-est de l’Oued-el-Kéhir, le Mers-el-Zeitoun ou Port-des-Olives, jadis commerçant, est abrité des vents d’est par les contreforts du Goufi (1 090 mètres), massif berbère qui s’épanouit sur la mer en hardis promontoires ; de ces pointes, sept ont plus d’aspect que les autres : d’où le nom de Sept-Caps[1] qu’on donne à cet avancement suprême du littoral algérien vers le nord ; l’éperon septentrional du Goufi est en effet la roche d’Algérie la plus proche du Pôle, si l’on peut nommer le Pôle quand on parle du pays du soleil ; il a pour latitude

  1. En arabe, Seba-Rous.