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GÉOGRAPHIE.

une ville toute française, à 1 085 mètres au-dessus des mers ; son hiver à des neiges, sa plaine est une Beauce de l’Atlas, Beauce ondulée, entre des rideaux de montagnes. En aval du Bou-Sellam, le Sahel a 150 à 400 mètres de largeur, lit qu’il remplit rarement ; il se promène de plaine en gorge, de gorge en plaine, ayant à l’horizon de gauche les pitons berbères du Jurjura, à l’horizon de droite les pics des Babor, également berbères. Par ses Portes de Fer, par ses deux torrents divergents, le Sahel arrivé de l’ouest, le Bou-Sellam arrivé de l’est, le bassin du fleuve de Bougie est le trait d’union entre l’antique Mauritanie ou Algérie occidentale et l’antique Numidie ou Algérie d’Orient : c’est comme un prolongement du Chéliff à l’est de l’Atlas métidjien.




4o De Bougie à la frontière de Tunis : Oued-el-Kébir, Seybouse et Medjerda. — Outre le Sahel, qui tombe en mer à 3 kilomètres de Bougie, la baie que nomme cette ville reçoit encore l’Agrioun, près des ruines romaines de Ziama : cette rivière, ce torrent plutôt, sort de la même montagne que le Bou-Sellam, du Magris ou Mégris (1 722 mètres) ; de cascade en cascade, son eau sinueuse éventre les Babor par des gorges sublimes : le Châbet-el-Akhra, ou ravin de l’autre monde, hanté par le singe comme le couloir de la Chiffa et la coupure de Palestro, ne connaît que le soleil du midi, tant sont droites, hautes et rapprochées à s’étreindre les roches du Takoucht et de l’Adrar-Amellal.

Du cap Cavallo et des îles Cavallo, simples îlots et roches basses, il n’y a pas loin jusqu’à Djidjelli, mauvais port fouetté par le nord-ouest, ville plantée dans un sol vacillant : un tremblement de terre l’a renversée en 1856. Oran chavirée à la fin du dernier siècle, Mascara