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GÉOGRAPHIE.

peine s’ils portent de misérables touffes de plantes salines ; mais dès qu’on y fait passer les eaux de la rivière, ils deviennent d’une fertilité rare.

Le Chéliff, en plaine, a 400 mètres de large ; dans la coupure entre les monts du Dahra et le ressaut du plateau de Mostaganem, il s’étrangle à 80, à 70, à 60. Il s’engloutit dans la Méditerranée à 42 kilomètres au nord-est de Mostaganem. Cette Loire de Berbérie est semblable à la Loire de France par sa route au cœur du pays et par là grande courbe de sa vallée, dirigée d’abord du sud au nord jusqu’à Amoura, puis de l’est à l’ouest, ainsi que fait notre fleuve, de sa source à Briare et à Gien, et de Gien à l’Atlantique.

Devant Orléansville, quand il n’a point encore bu le Sly, le Riou, la Djiddiouia, la Mina, il roule suivant la saison 1 500 litres à 1 448 mètres cubes par seconde. Pendant deux mois, du 15 juillet au 15 septembre, il ne traîne que 1 500 à 3 000 litres ; d’avril à juillet il en mène 3 000 à 5 000 ; en hiver il passe avec un flot de 50 à 60 mètres cubes ; ses crues ordinaires sont de 400 mètres par seconde, les grandes crues de 1 100 : — le 16 décembre 1877, il en débitait 1 448.




3o Du Chéliff à Bougie : le Mazafran, l’Isser Oriental, le Sébaou, le Sahel. — Au delà du Chéliff, la côte longe le Dahra, qui lui envoie de tout petits torrents ; elle est triste, presque déserte. Entre le cap Khamis et le cap Magraoua, la province d’Oran fait place à la province d’Alger, dont le premier port est Ténès : port, c’est trop dire ; l’anse de Ténès, ouverte aux vents fâcheux, n’a par elle-même aucun avantage ; il n’y a d’avenir pour elle que dans des jetées qui la garantiront des tempêtes et dans le chemin de fer qui nouera cette plage cernée d’escarpements à la grande vallée du Chéliff.

De Ténès, embryon de port, à Cherchell, cadavre de