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ALGÉRIE.

cline ses gorges vers les mines d’argent et de plomb de Ghar-Rouban et vers les larges plaines d’Ouchda, qui font encore partie des domaines du sultan de Fez et Maroc. Le Toumzaït se dresse en pays berbère, comme d’ailleurs son seul nom l’indique, puisqu’il commence et finit par un t, ce qui est la forme berbère du féminin singulier. Les Arabes l’appellent Ras-Asfour, c’est-à-dire la Tête, le Mont des Oiseaux.


Zaccar. — Dans la province d’Alger, le Zaccar porte Miliana sur un de ses ressauts, et sa cime (1 570 mètres) domine cette ville aux fraîches fontaines. Très imposant, vu de la plaine du Chéliff, le Zaccar est de craie : il s’appuie au fouillis de pics des Béni-Menasser, petite nation berbère qui pleure son indépendance.


Le reste du Tell algérien est couvert de montagnes, massifs liés à d’autres massifs ou simples pitons isolés sur les plateaux. Si l’Atlas du Maroc a droit au nom de chaîne, l’Atlas de l’Algérie se compose d’un chaos de djébels[1] différents d’origine, d’âge, de nature, d’aspect, disloqués par les tremblements de terre, séparés, bouleversés, usés par le travail des météores.




CHAPITRE IV

RIVAGES ET FLEUVES DU TELL


1o Du Maroc au Chéliff ; Tafna, Macta. — Les rivages du Tell sont hauts, accores, déchirés. Çà et là quelque plaine y continue la ligne de la mer au repos avec des

  1. Mot arabe, devenu français, qui veut dire montagne.