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GÉOGRAPHIE.

L’Ouaransémis est l’asile de Berbères que nous n’avons point soumis sans peine, et qui sans doute ne se croient pas domptés pour toujours : eux aussi, comme tant de Kabyles du mont, tant d’Arabes de la plaine, tant de nomades errant de pâture en pâture, ils attendent le Moul-es-sâa, le Maître de l’heure. Devant cet homme du Destin, cet élu de Dieu, ce vengeur, ce héros, ce prophète, les Roumis[1] fuiront comme le chacal.


Babor. — Dans la province de Constantine, les Babor, autres monts berbères, dominent la plage où fut Ziama, sur le golfe de Bougie. Ils se lèvent à presque égale distance de Bougie, de Djidjelli et de Sétif. C’est une citadelle escarpée qui nous a coûté de nombreux assauts ; elle a pour bastions majeurs le Grand Babor (1 979 mètres), le Petit Babor (1 965 mètres) et l’Adrar-Amellal (mot à mot le Mont-Blanc), qui domine les fameuses gorges du Châbet-el-Akhra.

Ce sont là les massifs ayant plus ou près de 2 000 mètres, les seuls qui soient supérieurs à nos monts du Centre. Parmi ceux qui ont la même taille que les Dore, les Dôme, les Cévennes, la Margeride ou les cimes d’Aubrac, soit 1 500 à 1 900 mètres, il faut nommer les monts Hodnéens, le Dira, les monts de Blida, les monts de Thaza, les monts de Tlemcen, le Zaccar.

Monts Hodnéens. — On peut appeler de ce nom les massifs confus qui, dans la province de Constantine, décochent des torrents vers le Hodna, lac salé sans écoulement, tandis qu’au nord ils commandent, mais de bien moins haut, les plateaux élevés de Sétif et la Medijana, plaine également fort élevée, célèbre par sa fécondité. Leurs maîtres sommets sont le Kteuf ou Dréaf (1 862 mètres), au-dessus de Mansoura, bourg berbère ; le Maad-

  1. Les Musulmans d’Algérie donnent aux Chrétiens le nom de Roumis, évidente corruption du mot Romains.