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GÉOGRAPHIE.

dans les beaux jours. Ce sont les Monts du Forez, qui n’ont point reçu de manteau basaltique sur leurs anciennes roches ; mais dans la vaste plaine de la Loire, qu’ils regardent à l’Orient, flambèrent une trentaine de petits volcans, tels que celui qui porte Montbrison. Ils séparent le bassin de la Loire du bassin de l’Allier, comme le font les monts du Velay. Moins nus que ceux-ci, et même très boisés dans maint parage, ils reconnaissent pour sommet suprême le front chauve de Pierre-sur-Haute ou Pierre-sur-Autre (1 640 mètres), qui plane circulairement sur un vaste horizon : de sa cime on voit la plaine du Forez, qui fut un lac de la Loire, la plaine de la Limagne, qui fut un lac de l’Allier, le Puy de Dôme, le Cantal, le Jura, les Alpes, le Mont-Blanc.

Ce que les burons sont à l’Auvergne, les loges le sont au Forez ; devant ces cabanes de bergers, devant les jasseries ou réunions de loges, passent les eaux pures des gouttes ou ravins, sorties de la pelouse à l’ombre des sapins et des bouleaux. De ces gouttes naissent des torrents qui gagnent à l’ouest la verte Dore, affluent de l’Allier, à l’est la Loire par de petites rivières, dont l’une, le Lignon, dut, il y a deux cent cinquante ans, une immense renommée à l’Astrée, longue pastorale qui fut en son temps le plus célèbre des livres de France. Cette gloire du Lignon dure encore, mais c’est un renom vague, comme celui d’un fleuve de la mythologie ou d’un château des quatre fils Aymon.

Au nord de ce Lignon, là où les durs granits font place aux porphyres rouges, bien plus durs encore, les monts Foréziens prennent le nom de Bois-Noirs, qu’ils doivent à des sapins, à des hêtres, à des chênes pressés en sombres forêts. Là se lève, borne entre trois départements[1], le puy de Montoncel (1 292 mètres), dôme d’où s’épanche la Bèbre.

À leur tour, au nord du Montoncel, les Bois-Noirs per-

  1. Allier, Loire, Puy-de-Dôme.