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ALGÉRIE.

au plateau d’El-Goléa ; à l’est, elle est bornée par la Tunisie, à l’ouest par le Maroc. Jusqu’à ce jour, elle n’a d’autre frontière naturelle que la mer : au sud, elle se perd dans le Sahara, sans limite fixe, avançant lentement, mais avançant toujours. Les frontières avec Tunis et Maroc sont absurdes : plusieurs rivières nous viennent du Maroc ; des plaines, des montagnes, des ruisseaux commencés chez nous finissent chez l’empereur Barbaresque ; tandis que la Medjerda, la grande rivière tunisienne, à son cours supérieur et les terres les plus saines de son bassin dans notre province de Constantine.




CHAPITRE II

LE TELL


Le Tell, ses chaleurs, ses neiges, son climat « humain ». — Ainsi que toute la Berbérie, la terre algérienne se divise en Tell, en Steppes, en Sahara : 15 millions d’hectares y font le Tell, 10 millions les Steppes, 41 à 42 millions le Sahara.

Divisé comme la France, le Tell algérien contiendrait 24 ou 25 départements. D’une mer qui a de brusques fureurs, d’un rivage presque sans ports naturels, il s’élève avec les boursouflements de l’Atlas. Ouvert aux vents du « manoir liquide », il en reçoit les pluies ; en plaine il a des rivières, en montagne il a des torrents, et çà et là des fontaines superbes. C’est le grenier et le cellier de l’Algérie, sa terre à blé, à lin, à vigne, à mûriers, à oliviers, à tabac et à coton.

La plage marine, le Sahel ou Littoral, s’y déroule sous