Page:Reclus - France, Algérie et colonies, 1886.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
45
FRANCE.

massif de gneiss qui se lève entre la vallée du Tarn et le bassin de l’Aveyron ; c’est lui qui pousse jusqu’à la rive gauche de cette dernière rivière les croupes habillées par la vaste forêt des Palanges ; sa cime la plus haute, le Pal (1 116 mètres), donne naissance au Viaur.

Les causses et ségalas du Rouergue se prolongent à l’ouest sur le territoire du Lot, où ils prennent le nom de causses du Quercy.

Sur mille Français qui voyagent, s’il en est un seul qui daigne jeter en passant un regard sur la France, beaucoup d’entre nous connaissent maintenant ces causses, que le chemin de fer de Paris à Toulouse traverse par Rocamadour, Gramat et Assier. Après Brive, la cité joyeuse, après Turenne, le nid d’aigle, on arrive au Puy d’Issolu, qui porta, croit-on, l’Uxellodunum des Cadurques. Là on traverse la Dordogne et l’on gravit à flanc de roc la rampe de Montvalent, avec la vue, plus belle à chaque détour, du cirque de Floirac, qui vaut à lui seul toute la molle Touraine. Ému par un tableau magique, on admire ce petit paradis entouré de roches vives, ses eaux pures, sa douce lumière, ses champs heureux, ses noyers, ses vergers, ses villages, quand par une seule courbe, en quelques tours de roue, on entre dans le pays de la lumière crue, de la sécheresse et des pierres.

Ce causse est un bloc de rochers, mais non pas un monolithe ; il est au contraire criblé de cloups, comme on dit en Quercy, les uns petits, d’autres très grands, abîmes ou grottes où disparaissent les ruisseaux de source et les eaux d’orage ; tels le puits de Padirac, profond de cinquante-quatre mètres ; le gouffre de Roque de Cor où plonge le ruisseau de Miers ; les trous qui boivent la Thémines et la Théminette ; le gouffre de Bède où l’on descend par une crevasse, que même on laboure avec des ânes, à l’ombre des noyers ; le Saut-de-la-Pucelle où s’enfonce le ruisseau de Rignac : le Réveillon, superbe caverne voisine de la station de Rocamadour, et qui dévore elle aussi, du moins en hiver, un petit torrent ;