Page:Reclus - France, Algérie et colonies, 1886.djvu/458

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
455
FRANCE.

elles, serait une France plus réelle que celle des départements et des arrondissements.

Par ordre d’étendue, ces gouvernements ou provinces étaient : la Guyenne-et-Gascogne, le Languedoc, la Bretagne, la Champagne, la Normandie, la Bourgogne, la Lorraine, la Provence, l’Orléanais, le Poitou, le Dauphiné, l’Île-de-France, la Franche-Comté, le Berry, l’Auvergne, la Picardie, l’Angoumois-et-Saintonge, le Limousin, le Maine-et-Perche, l’Anjou, la Corse, le Bourbonnais, le Lyonnais, l’Alsace, la Touraine, le Béarn, le Nivernais, la Flandre, la Marche, l’Artois, le Comté de Foix, le Roussillon et le Comtat-Venaissin.


2o Les trente-trois provinces. — Le plus vaste des gouvernements, la Guyenne-et-Gascogne, s’étendait de l’Espagne au Limousin, sur les meilleurs terroirs du bassin de la Gironde et sur une partie du bassin de l’Adour ; partant, à l’ouest, de l’Atlantique, elle se rapprochait de la Méditerranée entre Saint-Affrique et Lodève. Elle avait absorbé 24 pays et beaucoup de « sous-pays », si l’expression est permise : les 24 pays étaient le Bordelais, le Bazadais, le Périgord, l’Agénais, le Quercy, le Rouergue, la Lomagne, le Fézensaguet, l’Astarac, le Comminges, le Couserans, le Nébouzan, les Quatre-Vallées, le Pardiac, l’Armagnac, le Condomois, le Tursan, la Chalosse, le Marsan, le Gabardan, le pays d’Albret, le pays de Buch, les Landes, le Labourd.

Pendant trois siècles elle fut la clef de voûte de la puissance anglaise sur le continent, ou, pour mieux dire, elle aida considérablement les princes angevins devenus rois d’Angleterre, mais restés Français de race et de langue, à disputer aux rois de Paris l’empire de « douce France ». Il y avait beaucoup de Gascons dans les armées dites anglaises qui nous frappèrent cruellement sur tant de plaines sanglantes, si bien que ces victoires du Nord sur le Midi étaient en partie des victoires du Midi sur le Nord. Les Gascons passent à tort pour poltrons : on leur a fait