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FRANCE.

de Toulouse, envoient leurs enfants à l’Amérique espagnole ou portugaise, aux Antilles, à la Nouvelle-Orléans, à l’Algérie, à l’Espagne.

Les départements pyrénéens à l’orient de Toulouse, ceux du Rhône à partir de Lyon et ceux de la côte méditerranéenne émigrent beaucoup vers l’Algérie.

L’Est se porte surtout vers les États-Unis, mais depuis quelque temps l’Algérie attire aussi ses familles.

La Seine émigre partout.

Le Nord, le Nord-Ouest, l’Ouest de Brest à Bordeaux et le Centre ne vont point à l’étranger ; Paris est leur Californie dorée.

C’est en 1830 que l’émigration française apprit deux des routes qu’elle préfère aujourd’hui : cette année-là nous entrâmes en Algérie, et c’est alors aussi qu’apparurent dans les Basse-Pyrénées les recruteurs qui entraînèrent les premiers Basques et Béarnais vers la Plata. Avant 1830, les États-Unis, les Antilles et l’Amérique du Sud recevaient tous nos transfuges, alors bien moins qu’à présent, car nous n’avons jamais beaucoup essaimé au delà des mers. Nous n’eûmes de part active qu’à l’établissement des Antilles.

Il s’agissait surtout alors d’acheter et de fouetter des esclaves : la Garonne et l’Adour fournirent les planteurs, les intendants, les surveillants, les fouetteurs. Quant aux négriers, l’Europe en eût trouvé pour des plantations cent fois plus vastes, elle les trouverait encore. De la sorte, nous créâmes la Guadeloupe, la Martinique, diverses petites Antilles, la superbe Saint-Domingue, le sud de Cuba, la Trinité. Dans l’Océan des Indes, nous remplîmes Bourbon et l’île de France. Sur le continent d’Amérique, la France fut paresseuse, elle en porta la peine. Au lieu d’y semer à main libérale des paysans qui pouvaient devenir la nation prépondérante du Globe, à peine si elle jeta des centaines d’hommes en Acadie, dix à vingt mille colons au Canada et quelques aventuriers en Louisiane. Voilà pourquoi nous sommes petits