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FRANCE.

burons à fromages dispersés sur la croupe gazonnée où çà et là se lèvent des mégalithes.


7o Causses du Rouergue et du Quercy. — Quand des cimes des monts d’Aubrac on regarde au loin vers le sud-ouest, on voit se poursuivre jusqu’à l’horizon les plateaux du Rouergue, causses ou ségalas de 500 à 700 mètres d’altitude.

Les Ségalas, qui sont schisteux, gneissiques ou granitiques, donnent du seigle, comme le mot l’indique.

Les Causses, qui dans le Gévaudan s’appellent Cans, se désignent ainsi du latin calx, la chaux ; ils sont calcaires et donnent du blé quand leur climat le permet. Sous divers noms, ils occupent, au sud et à l’ouest, une grande portion du plateau des Monts Français.

Froids, tempérés ou chauds suivant le plus ou le moins de surrection au-dessus du niveau des mers, les causses varient beaucoup de climat ; ils diffèrent peu de sécheresse et d’aridité. Voici pourquoi :

L’orage aux larges gouttes, la pluie fine, les ruisseaux de neige fondue, les sources joyeuses, ces inestimables présents du ciel, ne sont point pour le causse, qui est fissuré, criblé, cassé, qui ne retient point les eaux ; tout ce que lui confient les fontaines, tout ce que lui verse la nue entre dans la rocaille. Et c’est bien loin, bien bas, que l’onde engloutie se décide à reparaître ; elle sort d’une grotte, au fond des gorges, au pied de ces roches droites, symétriques, monumentales, qui portent le terreplein du causse. Mais ce que le plateau n’a bu qu’en mille gorgées, la bouche de la caverne le rend souvent par un seul flot, les gouttes qui tombent du filtre s’unissant dans l’ombre en ruisseaux, puis en rivières. Aussi les sources du pied du causse sont-elles doublement des fontaines de Vaucluse : par l’abondance des eaux, par la hauteur et la sublimité des rocs de leur « bout du monde ».

Trop de soleil si le causse est bas, trop de neige s’il est