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GÉOGRAPHIE.

vinces de la Catalogne, les trois provinces du vieux royaume de Valence et l’archipel des Baléares.


5o Langues d’oil et d’oc ; la langue d’oc s’en va. — Flamands, Bretons, Basques, Italiens à part, il reste plus de 35 millions de Français.

Ceux-ci se partagent en deux grands dialectes : la langue d’oc, la langue d’oil. Autrefois cette division était capitale.

La langue d’oil ou langue du Nord, le français en un mot, n’était alors parlée que sur son territoire propre, sur la Somme, la Seine, la Saône, et la Loire à partir des montagnes. Les hommes du Centre et du Sud ne connaissaient que leurs idiomes rhythmés, tirés du latin comme le français, mais presque aussi voisins de l’espagnol et de l’italien que de la langue de Paris. Auvergnats, Limousins, Gascons, Béarnais, Languedociens, Provençaux, Catalans, tous les sens de la langue d’oc n’étaient Français que pour payer l’impôt, donner leur sang au roi de Paris et envoyer leurs nobles à la cour du Nord, et non pas à Madrid ou chez les podestats italiens. En ce temps-là les Méridionaux nous appelaient Gavaches, comme les Espagnols, Gabachos.

Mais aujourd’hui le français règne dans toutes les villes de France ; et là où il n’est pas encore le maître, il s’infiltre sournoisement dans les patois.

Quelques poètes un instant célèbres sur le Rhône et la Garonne ont essayé de rendre la vie à ces langues mourantes ; on les a lus, on a chanté leurs refrains, on les chante encore, et à chaque minute une pierre tombe du branlant édifice des dialectes méridionaux.

Un coiffeur de la rive droite de la Garonne, Jasmin, le plus mélodieux de ces poètes, a sa statue sur une place d’Agen ; on y lit ces mots qu’il adressait à la langue agénaise, dialecte gascon : « Plantarey uno estelo à toun froun encrumit. » Et certes, il a, comme il le dit, planté une étoile sur ce front soucieux, mais quand déjà ce front