le grenier de la Haute-Auvergne. Qui la traverse de l’ouest à l’est en coupant ses principaux vallons, passe des laves du Cantal aux granits de la Margeride ; qui la traverse du nord au sud en suivant ses ruisseaux, arrive à la profonde vallée de la Truyère, qui la sépare des roches ignées vomies par les monts d’Aubrac. Elle forme de la sorte un remblai volcanique entre deux massifs qui flambèrent et une chaîne qu’aucune éruption n’éclaira.
5o Margeride. — La Lozère, la Haute-Loire, le Cantal, portent cette chaîne granitique au profil tranquille, qui a plus de croupes que de dômes, et plus de dômes que de pics. Vue de loin, la Margeride ou Margerite est une longue ligne noire dans le ciel de la France centrale, une espèce de sombre muraille sans créneaux, sans tours et sans clochers.
Comme un écueil que la mer entoure et ne submerge point, ces petites Alpes du Gévaudan sont demeurées purement granitiques au milieu de l’océan de laves qui descendit des monts du Velay à l’est, du Cantal et des monts d’Aubrac à l’ouest. Contre leurs assises, le Cantal lança d’occident le flot devenu la Planèze, et d’orient les monts du Velay vomirent les basaltes qu’a sculptés, que sculpte toujours le transparent Allier ; mais ces deux courants ne remontèrent pas les versants margeridiens.
La cognée, les troupeaux, l’incendie, ont fait ici moins de ravages que dans la plupart de nos montagnes. De son arête aux plateaux ou aux vallons de sa base, la Margeride est noire de forêts, chênes, hêtres, sapins tourmentés par de longs hivers ; et dans ces bois profonds, reculés, moins troublés et violés que d’autres par l’homme, le loup parfois rôde encore en bandes quand la neige couvre le sol. Il y a cent et quelques années, une louve affamée y déclara la guerre à l’espèce humaine ; elle dévora, comme dans l’Inde un tigre. Il fallut faire marcher toute une armée contre elle ; et la bête du Gévaudan est encore célèbre sur les plateaux qu’éventre la Truyère au sud-est de