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FRANCE.

et son escalier de 2 000 marches ; puis elle arrose Barcelonnette, ou plutôt elle menace d’emporter cette bourgade, qui est moins une ville qu’un campement de fonctionnaires ;

La Luye, qui baigne Gap ;

Le Buech (90 kilomètres), issu du Dévoluy ; peu de torrents labourent autant leur vallée ; il a son terme à Sisteron ;

La Bléonne (70 kilomètres), tombée de monts dévastés ; elle traverse Digne ;

L’Asse (80 kilomètres), qui court aussi dans un bassin dont le bûcheron, le mouton, la chèvre, les trombes ont presque consommé la ruine. Ses crues sont terribles ; le proverbe dit : « L’Asse, fou qui la passe ! »

La Largue, qui commence par une belle fontaine des montagnes de Lure ;

Le Verdon (170 kilomètres), rivière de cluses qui rassemble d’abord des torrents de hautes montagnes dont l’un, dit-on, puise souterrainement au grand lac d’Allos, à 2 259 mètres d’altitude ; il passe à Castellane et à Gréoulx, ville de bains. Des fontaines superbes l’augmentent : l’une d’elles, Font-l’Évêque, quitte bruyamment le roc, au pied d’un coteau nu, près des ruines du pont romain de Bauduen. 6 000 litres à la seconde, telle est cette demi-Vaucluse, qu’on appelle aussi la source de Sorps : et encore ne peut-elle délivrer en grandes pluies toutes les eaux prisonnières dans les geôles du sol : elles cherchent alors une autre issue, et à 3 000 mètres de là, du Garaby, roche droite, s’enfuit un torrent rapide. La rivière de Sorps, que trois moulins arrêtent, est belle autant qu’elle est courte. Bordée de peupliers, de trembles, de vignes vierges, calme sur fond de cailloux et de sable, elle marie, au bout de 1 500 mètres à peine, son eau transparente au Verdon souvent louche. Celui-ci serait peu de chose en été sans Font-l’Évêque, tribut qu’on lui ravira peut-être ; car on veut détourner cette onde claire, qu’Aix et Marseille auraient dû réclamer, elles qui