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GÉOGRAPHIE.

sur les coteaux, Nîmes possède une rivière transparente ; l’industrie s’empresse de la ternir, elle en fait un bourbier cynique. Le Vistre finit dans les canaux d’Aigues-Mortes, au milieu des joncs, des roseaux, des salines.




VIII. LE RHÔNE


1o Le Rhône en Suisse, le Léman. Le Rhône en France, la Camargue. — Des 9 867 000 hectares du bassin du Rhône, peuplés d’environ 4 500 000 hommes, plus de 9 millions appartiennent à la France ; le reste est à la Suisse, soit par le fleuve lui-même et ses affluents directs, soit par le Doubs, tributaire de la Saône.

C’est en Suisse que le Rhône prend naissance, à 1 753 mètres d’altitude, dans le canton du Valais, non loin des sources de l’Aar, de la Reuss, du Rhin et du Tessin. Il part d’un grand glacier appuyé sur la Furka ; plus ou moins abondant suivant ce que la chaleur délaie de frimas sur des montagnes de 3 000 à 3 600 mètres, le torrent de ce glacier, digne du fleuve superbe qu’il inaugure, dévore brusquement un tout petit ruisseau fait de trois sources ; et c’est ce ruisseau que les montagnards du Haut Valais élèvent à la dignité de père du Rhône : dans leur mauvais patois allemand ils l’appellent Rothe ou Rotten.

Ainsi commence notre beau Rhône, qui, d’après les poètes anciens, naissait près des Colonnes du Soleil, aux portes de la Nuit éternelle.

L’Oberland, le Mont-Rose, inclinent vers lui de vastes champs de froidure. L’Oberland lui envoie par la Massa le tribut du glacier d’Aletsch, le premier des Alpes, ayant 23 kilomètres de long sur 1 800 à 2 000 mètres de large, et 14 000 hectares d’étendue ; ce prodigieux bloc de glace,