de cette ville au golfe qu’il a fini par effacer de la mer ; mais une crue emporta ce mur en 1320, et l’Aude marcha désormais droit devant elle, et librement, jusqu’à la Méditerranée. Narbonne alors, près des lagunes, loin du cours des eaux vives, devint si fiévreuse que les Narbonnais méditèrent un moment d’aller s’installer à Leucate. Le comblement des étangs, le tassement des terres, la culture du sol, les plantations de vigne lui ont rendu la salubrité, mais son commerce maritime est mort, et l’établissement de la Robine ne l’a pas fait revivre.
Après l’Aude, c’est l’Orb limpide, dont le flot de crue, 2 500 mètres cubes, roule mille fois les 2 500 litres de l’étiage ; son module doit être d’environ 25 mètres cubes par seconde, pour un bassin de 153 000 hectares. Très sinueux dans ses gorges supérieures, il a 140 ou 150 kilomètres de cours, contre 75 en ligne droite. Il commence dans les Cévennes aveyronnaises, serpente près des coteaux houillers de Graissessac, passe à Bédarieux, traverse des vignobles que le phylloxéra dévaste, et baigne la colline de Béziers.
Après l’Orb, c’est l’Hérault, non moins limpide, qui peut pousser jusqu’à 3 700 mètres cubes par seconde, plus de deux fois le maximum de la Seine à Paris : or il n’a que 197 kilomètres, dans un bassin de 290 000 hectares. On estime son module à 50 mètres.
La vraie mère de l’Hérault, c’est la Vis, rivière transparente, dont la vallée, la gorge plutôt, ou si l’on veut la cassure, est signalée de loin, quand on vient de l’est, par la pyramide du pic d’Angeau (865 mètres) : en la remontant on se butte, au fond du couloir, contre un roc d’où coule, comme à Vaucluse, une onde jamais tarie, frais et clair épanchement de caverneux ruisseaux de la grande oolithe.
Fils aussi de blanches Cévennes, l’Hérault descend de l’Aigoual (1 567 mètres) ; il reçoit l’Arre, issue des châtaigneraies du Vigan, et passe, en aval de la Vis, dans le charmant bassin de Ganges ; puis de là dans les gorges de Saint-Guilhem-le-Désert, un de ces merveilleux sites