Page:Reclus - France, Algérie et colonies, 1886.djvu/307

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
304
GÉOGRAPHIE.

voisins et frères issus du même plateau, le Lées, le Bahus, le Louts et les deux Luy.

La Midouze se forme en pleine Lande, à Mont-de-Marsan, de deux rivières venues des collines boueuses de l’Armagnac, et comme telles impures et sans abondance ; : tout ce qu’elles ont d’eau constante leur vient du sable des Landes. La plus longue, la Douze (110 kilomètres), est aussi la plus forte, car elle reçoit plus de ruisseaux landais ; l’autre (95 kilomètres) s’appelle Midou. La Midouze recueille de charmantes petites rivières nées sur l’alios et sombre dans l’Adour en aval de Tartas. De la source de la Douze au fleuve elle a bien 150 kilomètres.

Le Luy (140 kilomètres), pendant des mois, coule à peine ; mais il ne faut pas de longues pluies pour verser dans son lit un torrent d’eaux bourbeuses menant à l’Adour des débris de collines, des lambeaux de berges, des lavages de fossés, des argiles, des sables dont ce fleuve, gêné par une mer colérique, ne compose point un delta pour l’agrandissement de la France. Deux petits Luy forment le « grand » Luy : le Luy de France, fait de sources inconstantes, dans les coteaux escarpés de la Chalosse, terre aux vaux étroits et profonds ; et le Luy de Béarn, qui traverse les landes du Pont-Long sans les féconder et les rafraîchir : le Pont-Long commence dans la banlieue de Pau et finit dans la banlieue de Dax.

Le Gave (175 kilomètres) arrive de plus loin que l’Adour, mais plus droit : il ne suit pas le chemin des écoliers, comme la rivière de Tarbes, qui semble longtemps devoir s’engloutir dans la Garonne vers Bordeaux.

Enfant d’un petit glacier, le Grand Gave s’annonce par la cascade de Gavarnie, qui tombe de 422 mètres, des neiges du Marboré dans le plus beau de tous les cirques. Il reçoit tous les gaves, c’est-à-dire tous les torrents possibles : le gave de Héas, par de tristes gorges, lui porte les eaux solitaires du cirque de Troumouse et du cirque d’Estaubé ; le gave de Bastan (nom basque s’il en est) vient de Barèges, ville thermale à 1 232 mètres d’alti-