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GÉOGRAPHIE.

mer dix fois moins creuse, est assez vaste, assez tranquille pour le port de refuge dont ce littoral a si grand besoin.


6° L’Adour, le Gave. — À 4 kilomètres seulement de l’endroit où la rive de l’Atlantique perd ses dunes et ses pins pour les rochers que taille la mer de Biarritz, à 50 kilomètres de l’Espagne, une barre qui brave obstinément les ingénieurs marque l’embouchure de l’Adour, fleuve pyrénéen et landais d’une longueur de 330 kilomètres, d’un bassin de 1 700 000 hectares sur lequel il tombe une moyenne de pluie d’un mètre par an.

À 25 ou 50 kilomètres de l’Océan, à la lisière des Landes et des collines béarnaises qui, de marche en marche, se font montagnes, deux rivières se rencontrent, égales pour le regard : l’Adour et le Gave. L’Adour vient de plus loin ; le Gave apporte, en été du moins, six à sept fois plus d’eau. Le lieu de ce large confluent se nomme le Bec du Gave : c’est ainsi que, dans des bassins plus grands, le confluent de la Loire et de l’Allier s’appelle Bec d’Allier, et celui de la Garonne et de la Dordogne, Bec d’Ambès.

L’Adour naît à 1 931 mètres d’altitude, dans le Tourmalet, mont de près de 2 500 mètres, non loin du pic du Midi de Bigorre, qui en a près de 2 900, à 18 kilomètres en ligne droite au sud de Bagnères. Il ne reste pas longtemps dans la montagne : après avoir arrosé la vallée de Campan, trop vantée, reçu l’Adour de Lesponne, et mu les scies à marbre de Bagnères-de-Bigorre, ville d’eau ravissante, il entre en plaine pour y rester jusqu’à la mer. Déjà son altitude n’est plus que de 550 mètres à Bagnères ; elle n’est guère que de 300 à Tarbes, où le jeune fleuve, où l’Échez, où le vieux canal d’Alaric[1], dispersés en brillants ruisseaux, irriguent une large vallée qui nourrit des chevaux à jarrets

  1. Tiré de l’Adour au cinquième siècle.