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GÉOGRAPHIE.

Le Dourdou septentrional (70 kilomètres), le ruisseau de Bozouls, de Villecomtal, de Conques, reçoit le Craynaux, né des superbes rochers de Salles-la-Source.

Le Célé (100 kilomètres) est la rivière de Figeac. Devant cette ville il quitte les roches anciennes pour les calcaires du Causse ; il passe alors devant des cassures immenses : à Corn, à Brengues, à Marcillac ; à Sauliac, dont la paroi rougeâtre est terrible ; à Cabrerets où, par une sombre demi-voûte, Rochecourbe domine en surplomb son eau froide. Tout près du confluent, il perd une partie de son onde qui, par-dessous le Rocher des Anglais, va rejaillir au fond même du Lot ; on distingue parfois cette embouchure cachée : à des flots clairs si le Lot est trouble, à des flots troubles si par hasard le Lot est clair.

Divonne jaillit en face de Cahors, à 200 mètres en amont du pont de Valentré (xive siècle), signalé par des tours élevées ; en temps sec, c’est un ruisseau de 1 000 à 1 200 litres par seconde, qui sort, au pied d’un grand roc, d’un gouffre immobile accaparé par un moulin, d’une espèce de puits dont 130 pieds de corde n’ont pas trouvé le fond. Après un violent orage, c’est une rivière qui bouillonne et, par un escalier de trois cascades, descend avec fracas dans le Lot, parfois moins abondant qu’elle. Et cependant le Lot arrive, à longues journées, des lointaines Cévennes, tandis que Divonne a 20 mètres à peine au soleil et quelques kilomètres obscurs dans le ventre des coteaux de Cahors. Un vers latin précieux,

Divona, Celtarum lingâ, fons addite divis,
nous apprend que ce nom celtique signifiait la Fontaine des Dieux.


Du Lot à la Dordogne, la Garonne dévore l’Avance, le Dropt et le Ciron. — L’Avance (60 kilomètres) naît dans les Landes ; elle s’engouffre dans le sable, puis, re-