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GÉOGRAPHIE.

hauteur des escarpements qui se renvoient sans cesse le cours de son eau limpide et le tordent comme un serpent. Au bas des chemins à grands lacets, des sentiers de chèvre, des escaliers de roche où l’hiver fait gronder des torrents, quand on est descendu jusqu’au bord de ce Méandre du Rouergue, on est comme au fond du monde et, dans cette calme retraite, on oublie la bise et la brise du causse inclément de Rodez. Le Viaur, heureuse rivière, n’arrose point de ville, il ne dévore point d’égoûts, aucun chemin de fer ne suit ses caprices ; sauf quelques moulins, il restera longtemps, sinon toujours, à la nature.


Du Tarn au Lot, la Garonne engloutit, par sa rive gauche, l’Arats, le Gers et la Bayse. L’Arats (135 kilomètres), en sa qualité de rivière lannemézanienne, est un gros ruisseau qui coule à peine en été. Le Gers (70 kilomètres), qui nomme un département, ne vaut pas mieux que l’Arats : fils aussi du plateau de Lannemezan, il passe au pied 4 l’amphithéâtre d’Auch et de la haute colline de Lectoure. La Bayse (180 kilomètres), également venue de Lannemezan, touche Mirande, Condom et Nérac, Save, Gimone, Gers, Bayse, ces tristes rivières doivent au canal de la Neste le peu d’eau qu’elles roulent pendant les semaines sèches.


Le Lot fait un chemin de 480 kilomètres dans un bassin d’un peu plus de 1 100 000 hectares. Sa route est de l’est à l’ouest, comme celle que suivent ses deux grands compagnons, le Tarn et la Dordogne. Il s’appelle réellement Olt, comme en témoignent encore des noms tels que Saint-Laurent-d’Olt et Saint-Geniez-d’Olt au-dessus d’Espalion, et Saint-Vincent-de-Rive-d’Olt, près de Luzech, au-dessous de Cahors. Il commence à 1 500 mètres d’altitude, en Lozère, dans la chaîne du Goulet ; descendant très vite, par Bagnols, ville thermale, et par Mende, longtemps il ne réfléchit que des monts ruinés. Il