Page:Reclus - France, Algérie et colonies, 1886.djvu/277

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
274
GÉOGRAPHIE.

Le Salat, long de 80 kilomètres à peine, n’en est pas moins une rivière de 40 à 45 mètres de large, roulant à l’étiage 7 200 litres par seconde, en volume ordinaire 22 mètres cubes, en crues extrêmes 800. Ses eaux rapides lui viennent des Pyrénées qui se dressent du Val d’Aran au massif du Montcalm. Il naît au pied du port de Salau, brèche la plus facile entre la France centrale et l’Aragon, de sources très belles, donnant, suivant le temps, 600 à 1 500 litres par seconde. Roulant quelques paillettes d’or, il serpente dans l’ancien pays de Couserans ; il traverse Saint-Girons, frôle le coteau de Saint-Lizier et s’unit à la Garonne, rive droite, par 260 mètres d’altitude, à Boussens, en aval de Saint-Martory. Un de ses affluents, le Garbet, coule joyeusement sur des galets, des rocs, des dalles de marbre, dans le vallon de la guérissante Aulus.

L’Arize (75 kilomètres), ou plutôt la Rize, a peu d’eau ; elle tombe dans la Garonne, rive droite, en face de Carbonne, par 190 mètres. C’est elle qui traverse la Grotte du Mas-d’Azil : tout près et en amont de cette ville, au-dessous d’un moulin, au bout d’une impasse, elle rencontre une haute roche calcaire ; au lieu de la contourner, comme elle le faisait autrefois, comme elle peut encore le faire dans les très grandes crues telles que celle de 1876, elle s’enfonce dans ce bloc immense dont le dos porte des vignes. L’entrée est souverainement grandiose ; au lieu de corbeaux on lui voudrait des aigles, et au lieu d’un torrent qui sèche presque en été quelque agissante, puissante et mugissante rivière. Et d’ailleurs, en grandes eaux, l’Arize heurte avec fureur les blocs de son lit raboteux, d’abord en pleine lumière, puis dans le clair-obscur, puis dans les ténèbres ; car bientôt la paroi tourne et la voûte s’abaisse, en même temps que descendent à la fois le torrent et la grotte : on dirait la Porte des Enfers si ces ténèbres étaient nuit noire, mais des lanternes jettent leurs lueurs sur la route de Saint-Girons à Pamiers, qui, pendant 410 mètres, c’est-à-dire d’un bout