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FRANCE.

ron, elle atteint la rive gauche de la Garonne après un cours de 75 kilomètres. Comme il tombe sur les montagnes de son bassin beaucoup de pluie, beaucoup de neige, elle roule un grand volume d’eau. Son débit par seconde peut descendre à 5 mètres cubes, mais en général il va de 10 à 20 mètres en basses eaux, de 20 à 50 en eaux moyennes, de 50 à 80 en fortes eaux ; il atteint presque 140 dans le mois de la grande fonte des neiges. Le module est de 35 mètres cubes et demi.

Précisément au nord de ce magnifique torrent des Pyrénées, du haut plateau de Lannemezan partent des rivières qui se distribuent en éventail pour gagner la Garonne ou l’Adour. En été, ces rivières, d’un cours assez long, sont à peine des fossés où des barrages silencieux retiennent, à l’amont des moulins, des eaux mortes : telles la Louge, la Save, la Gesse, la Gimone, l’Arats, le Gers, les Bayses, l’Osse, l’Auzoue, rivières garonnaises, la Douze, le Midou, le Bouès, rivières adouriennes. Pour que les plus grands de ces ruisseaux coulent au temps des chaleurs, on s’est adressé à la Neste ; et, pour ne pas trop l’appauvrir, on a relevé de près de 17 mètres le niveau du lac d’Orédon, vers lequel Néouvielle penche sa glace éternelle. De la sorte, on a gagné 7 500 000 mètres cubes de plus pour l’étiage de la Neste, qui dès lors peut remédier à l’indigence des rivières lannemezanaises.

À Sarrancolin, le canal de la Neste, long de 92 kilomètres, prend théoriquement au torrent sept mètres cubes par seconde : nous disons théoriquement, car le canal, passant par des terrains fissurés, ne retient pas même la moitié de l’eau qu’il dérobe à la Neste : il y a des jours où il ne porte guère qu’un mètre à la seconde sur le plateau, et jamais il n’en amène plus de trois. C’est une grande œuvre à réparer ou à refaire. Ces eaux vives courent en plusieurs canaux sur les landes de Lannemezan et vont se verser dans la Louge, la Save et son affluent la Gesse, la Gimone, l’Arats, le Gers, les Bayses et le Bouès.