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GÉOGRAPHIE.

flots assez clairs, mais elle n’en est pas moins, en aval de Toulouse, une des rivières françaises qui transportent le plus de troubles.

La Garonne descend, devant Tonneins, à 37 mètres cubes par seconde, mais il faut pour cela de longues chaleurs. Le module ou débit moyen, à ce même Tonneins, est de 659 mètres cubes : ce que le fleuve doit en partie à des crues formidables de 8, de 9, de 10, et même de 13 mètres de hauteur : il entraîne alors 10 500 mètres cubes par seconde, 283 fois le volume de l’étiage. Dans l’été de 1876, la Garonne, devenant immense par des abats de pluie chaude sur les neiges des Pyrénées, a brisé ses ponts, menacé de male mort des quartiers de Toulouse, détruit un grand faubourg de cette ville, assiégé vingt cités, couru librement dans les rues d’Agen à la hauteur d’un premier étage, et des hommes ont péri par centaines dans les tournoiements de ce soudain déluge. Si la Garonne, le Tarn, le Lot, la Dordogne, avaient des berges aussi basses que la Loire, il leur arriverait de répandre sur la vallée des désastres tels que l’Orléanais, la Touraine et l’Anjou n’en ont jamais souffert de pareils. Par bonheur, ces rivières d’expansion subite et terrible coulent presque toujours dans un lit profondément taillé, et non pas sur ces fonds plats que les riverains ont la dangereuse ambition de resserrer par des levées.


2o Les affluents de la Garonne : Neste, Salat, Ariège, Tarn et Lot. — La Neste se fait d’un certain nombre de nestes, c’est-à-dire de torrents. De ces nestes, la plus grande, celle de Couplan, déverse les principaux lacs du massif de Néouvielle : puis, forte des nestes d’Aragnouet, de Moudang, de Rioumajou, elle devient la Neste d’Aure : c’est sous ce nom qu’elle arrose la vallée d’Aure, fraîche, riante, lumineuse comme il en est peu dans les Pyrénées, et de toutes la plus riche en thermes. Augmentée, sous Arreau, de la Neste de Lou-