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FRANCE.

et se tassaient les plaines marécageuses que les alluvions marines ont déposées dans l’antique estuaire de la Seudre en aval de Saujon et dans les bas pays de Brouage et de Rochefort. Jadis il y avait là des flots océaniens battant deux presqu’îles, celle d’Arvert et la Tremblade au sud, celle de Marennes au nord.

L’île d’Oleron, qui fut beaucoup plus grande, et que les flots rongent à l’ouest, a 72 kilomètres de tour, 30 de long, 4 à 10 de large. Elle ressemble à Ré par sa Côte Sauvage tournée vers la grande mer, par ses ports tournés vers la terre ferme ; mais sur une étendue double (15 326 hectares), elle n’a pas beaucoup plus d’habitants (18 400). Comme Ré, elle se divise en marais salants, en champs nus (bien qu’avec plus d’arbres que l’île sœur), en vignes dont le vin doit un méchant goût au varech et au goémon qui fument le vignoble. Elle a de plus de vastes sables, jadis agressifs ; sous une de leurs dunes est caché, sans doute à jamais, un village environné de salines : Saint-Trojan, nom légué par la bourgade ensevelie à celle qui lui a succédé tout près du lieu de son sépulcre. Ils sont fixés maintenant, grâce aux tamaris et aux pins qui feront du sud et de l’orient de l’île une vaste forêt.




VI. LA GIRONDE ET L’ADOUR


1° La Gironde. La Garonne vraie mère de la Gironde. — Ceux qui faisaient venir le mot Liger de Lignum gerens, tiraient le mot Gironde de Girus undæ, le tournoiement de l’eau ; mais il est possible, probable même, que Gironde est tout simplement une forme de Garonne. Dans ce cas l’estuaire aurait le même nom que le fleuve principal du bassin.