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FRANCE.


IV. DE LA LOIRE À LA GIRONDE : LA CHARENTE


1o De la Loire à la Charente : Marais et Sèvre, Bocage et Lay. — À la pointe de Saint-Gildas on passe de l’estuaire de la Loire dans la baie de Bourg-neuf, formée par un rentrant du littoral et par l’île de Noirmoutier. Cette baie, sur laquelle donnent Pornic, ville de bains aimée des Nantais et des Parisiens aussi, Bourgneuf-en-Retz et Beauvoir-sur-Mer, diminue sans cesse. L’Océan, qui ruine les promontoires bretons, porte beaucoup de leurs débris dans ces eaux tranquilles où se déposent aussi les menus fragments des caps de Noirmoutier, les alluvions de la Loire et les boues ou les sables des petits fleuves de cette côte. De plus, le sol s’exhausse : insensiblement, mais il s’exhausse ; et toujours les anciens marais commencés autour de Bouin et de quelques autres îlots calcaires s’allongent sur les eaux par de nouveaux marécages. Il y a trois cents ans à peine, la roche de Bouin était vraiment une île de la mer, et depuis cent ans 700 hectares se sont ajoutés au sol français, d’eux-mêmes, tout travail d’endiguement à part, dans le seul golfe du Fain, compris entre Noirmoutier et la plage de Bouin. Tout ce marais, qu’on appelle souvent Marais breton, bien qu’il appartienne également au Poitou et que la vraie Bretagne soit loin de là, peut avoir une trentaine de milliers d’hectares. L’Océan, çà et là bordé de salines, y reçoit une faible rivière dont les eaux s’amortissent en bras marécageux. : on la nomme le Falleron (55 kilomètres).

Par le retrait de la mer et l’avancement de la côte, l’île de Noirmoutier, que bordent des rochers, des dunes et des digues, finira par se nouer au continent, dont elle fait déjà presque partie à marée basse, car le détroit de Fromentine n’a plus que 1 500 à 2 000 mètres de large.