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FRANCE.

bien qu’on croirait contempler un des nobles fleuves de l’Univers. Cette expansion d’eau, ce lac allongé, cet ancien fiord pour tout dire, car c’est bien un vieux golfe de la mer, a 20 kilomètres de longueur, jusqu’à toucher Nantes : on lui donne à l’endroit le plus ample le nom de plaine de Mazerolles.

La Sèvre Nantaise (140 kilomètres) se termine également à Nantes. La Gâtine de Poitou lui donne la naissance ; lente en son sinueux voyage, de peu de volume, trop opaque pour refléter purement ses promontoires de granit, elle arrose les beaux vallons de Mortagne, de Tiffauges et de Clisson.

L’Acheneau ou Cheneau (21 kilomètres) déverse le Grand-Lieu, nappe de 7 000 hectares n’ayant qu’un mètre d’eau en moyenne, et çà et là 2 mètres entre des rives plates. Le Grand-Lieu miroite à 12 ou 15 kilomètres à vol d’oiseau au sud-ouest de Nantes ; cette pièce d’eau, qui a pour meilleur affluent la sombre Boulogne (70 kilomètres), rivière vendéenne, fut notre plus grand lac, mais non le plus beau, jusqu’à l’annexion de la Savoie. La pente ne le mène à l’estuaire qu’à marée basse ; à mer haute, la Loire le domine d’un mètre environ ; et c’est pour cela que le fleuve put le former, il y a treize cents ans, comme le prétend la légende, ou plutôt l’agrandir en noyant des prés, des bois et la ville d’Herbauge ; sans les portes d’écluse de l’Acheneau, il en recevrait le flot pour le lui renvoyer ensuite augmenté du tribut de quelques rivières. Insensiblement, celles-ci le diminuent par le dépôt des alluvions ; mais on n’attendra pas que les siècles le comblent : il est facile d’assécher cet étang couvert de canards, dont le lit de granit porte une vase fertile.


3o Canaux entre la Loire et les fleuves du pourtour. — Le bassin de la Loire communique avec la rade de Brest par le canal de Nantes à Brest ou canal de Bretagne, long de 359 kilomètres. Cette grande voie n’a pas moins de 232 écluses : c’est qu’elle change maintes