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FRANCE.

l’Anjou, le Maine, la Bretagne ; elle versa plus de sang sur le Thouet, la Sèvre Nantaise et la Loire que sur la Vendée et sur les deux Lay. Le Thouet sort de la Gâtine de Poitou, terre sans chaleur et sans fécondité, schistes noirs et granits gris, landes, haies vives, étangs ombragés, ruisselets tortueux traînant des eaux d’un rouge noirâtre. Ses flots sans clarté passent dans le profond vallon de Parthenay, contournent le rocher de Thouars et baignent Saumur, que lavent ainsi deux courants inégaux, le Thouet et la Loire. Le Thouet reçoit la Dive du Nord (75 kilomètres), rivière marécageuse, canalisée dans son cours inférieur : formée dans un pays calcaire bien différent de la Gâtine de Poitou, la Dive est remarquable par la force de ses sources, par la beauté de son onde.

La Maine, seul grand affluent de droite, amène à la Loire le tribut de 2 millions d’hectares. Elle se forme de trois rivières : la Mayenne, la Sarthe, le Loir ; des trois, la Mayenne est la plus courte et la moins abondante ; la Sarthe est la plus forte ; le Loir est la plus longue.

La Mayenne (200 kilomètres) garde le nom malgré son infériorité : le mot Maine, évidemment, n’est qu’une forme du mot Mayenne. Le ravin sylvestre où son premier filet d’eau scintille, s’ouvre dans le Mont des Avaloirs (417 mètres), qui porte la forêt de Multonne : ce massif n’a qu’un seul rival, la forêt d’Écouves, dans tout le vaste pays compris entre la Seine, la Loire, le détroit qui assiège la Normandie et l’Océan qui écaille la Bretagne. La Mayenne traverse Mayenne, Laval, Château-Gontier ; elle mêle à ses eaux sombres les eaux de la Varenne (65 kilomètres), qui baigne le haut rocher de Domfront, et celles de la rivière de Segré, l’Oudon (80 kilomètres), qui a des crues de 400 mètres cubes.

La Sarthe (275 kilomètres) est normande par : ses sources, mancelle par la plus grande partie de son cours, angevine par son embouchure. Née dans les collines de 300 mètres qui vont des forêts du Perche aux herbages du Merlerault,