formé par l’alliance de la langue d’oil et de la langue d’oc. Cette France-là n’opposait à la Touraine que l’Orléanais, l’Île-de-France, la Champagne et la Bourgogne ; elle n’avait pas alors les terres de beauté, Franche-Comté, Dauphiné, Provence, Auvergne, Languedoc, Limousin, Guyenne et Béarn. Plus tard les courtisans, les favoris, les poètes payèrent d’hyperboles, en prose, en vers, l’hospitalité des châteaux royaux ou princiers.
Il faut autre chose que des peupliers, des saules, des îles basses, des châteaux et des parcs pour être la première des vallées dans un pays où passent le Doubs, le Rhône, l’Isère, le Tarn, le Lot, la Dordogne et les Gaves. Toutefois, s’il n’a pas de clus comme le Doubs et le Rhône, de montagnes comme l’Isère, de cagnons comme le Tarn, de créneaux de rochers comme le Lot et la Dordogne, de promontoires de granit et de gneiss comme le Viaur et la Creuse, le val de Loire est une campagne clémente, riante, paisible, parée de villas, de parcs, de châteaux, douce en hiver, lumineuse en été, charmante en automne.
Amboise, au château célèbre, précède Tours, le centre du Jardin de la France. Devant cette ville, à Langeais, à Saumur, aux Ponts-de-Cé qu’un dos de collines sépare d’Angers, à Chalonnes qui a des mines de houille, à Ancenis même, la Loire n’est qu’une ample rivière ; à Nantes, c’est un fleuve de grande apparence, mais un fleuve de plus en plus encombré par les sables et par les vases. Les grands navires, jadis, remontaient jusqu’à Nantes ; vers le treizième ou le quatorzième siècle ils ne dépassaient plus Couéron, bourg où le Sillon de Bretagne commence à s’éloigner de la rive droite de la Loire. — On nomme Sillon de Bretagne des gneiss, des schistes, des granits d’humble altitude couverts de chênes et de bruyères ; le fleuve les a séparés des roches de nature semblable qui s’élèvent sur la rive gauche à de variables distances ; c’est lui qui, de l’embouchure de l’Authion jusqu’à l’Océan, a fait d’un seul plan granitique deux