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FRANCE.

sud de la passe du fleuve, on contourne la presqu’île de Guérande, ici bordée de marais salants, là de dunes qu’on a fixées. Guérande, encore entourée de ses vieux murs de granit, domine 2 293 hectares de salines qui sans doute n’ont pas toujours existé, car la ville, bien déchue, semble occuper un mamelon de l’ancien rivage. Les deux ports principaux de la presqu’île sont le Croisic et Batz, sur une langue de terre ayant toute apparence d’être une île agrafée au continent par les salines guérandaises. À Batz, qui fait aussi du sel, quelques centaines d’hommes parlent encore le breton, à 35 kilomètres en ligne droite des frontières actuelles de la Bretagne bretonnante.

À l’est de Batz, on tombe sur les dunes d’Escoublac, qu’il était grand temps d’arrêter : quand de mouvantes on les a faites immobiles, elles avaient couvert des hameaux, des vallons et tout un village, l’ancien Escoublac, abandonné depuis cent ans.

On arrive ainsi à l’embouchure de la Loire, qui a 12 kilomètres de large. À cette fin du plus long fleuve de France règne Saint-Nazaire, port récemment creusé pour doubler celui de Nantes, que le mauvais état de la Loire met dans l’impuissance de commercer par grands navires avec les pays transatlantiques.




IV. LA LOIRE


1o La Loire : son régime, ses crues, son cours. — Il y a trente ans, nos bons professeurs, étymologistes de la vieille roche, nous apprenaient que le mot Loire, en latin Liger, vient, par la chute de deux syllabes finales, des deux mots lignum gerens, qui porte du bois. Et