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GÉOGRAPHIE.

fours, les pavés inégaux, les vieilles maisons en bois ou en pierre sculptée, les fortes murailles avec tours et donjon. Elle baigne ensuite la grande et triste Rennes, capitale de la Bretagne jusqu’en 1789. C’est là qu’elle reçoit l’Ille, et en même temps que l’Ille, le canal d’Ille-et-Rance, qui unit Rennes au Châtelier entre Dinan et Saint-Malo par une route de 85 kilomètres. — Le bief de partage n’est qu’à 64 mètres au-dessus des mers : de Rennes on y monte par 20 barrages, du Châtelier par 27. Il tire surtout l’eau de ses éclusées de l’étang du Boulet (5 440 000 mètres cubes), lieu de naissance de l’Ille.

Près de Redon, la Vilaine engloutit l’Oult, à tort nommée l’Oust, rivière de 150 kilomètres passant à Rohan, bourg dont une grande famille prit son nom, et à Josselin que pare un des plus beaux châteaux de France. Parmi les affluents de l’Oult, il en est deux, la Claie et l’Arz, qui serrent entre leurs vallons parallèles les plateaux arides, les roches grises, les mamelons nus, les marais, les étangs rouilleux, les bruyères et les herbes sèches de la lande de Lanvaux. Longue de 50 kilomètres, sur une largeur dix à vingt fois moindre, la lande de Lanvaux est couverte de mégalithes, là surtout où elle s’appelle plus spécialement bois de Brambien, entre Rochefort et Malestroit : malheureusement, presque tous ses menhirs sont maintenant brisés ou couchés de leur long dans la lande. Un troisième tributaire, l’Aff, vient des halliers de Paimpont, petit reste des bois de Brocéliande, qui couvraient il y a mille ans le centre de la Bretagne entre Montfort, Quintin, Loudéac. Brocéliande était la forêt célébrée par les romans de la Table-Ronde ; elle ombrageait la fontaine de Barenton, où le grand enchanteur Merlin puisait une eau magique.

La Vilaine se perd dans l’Océan au-dessous de la Roche-Bernard par un estuaire vaseux de peu de profondeur à basse mer. On admet qu’elle lui verse en moyenne 110 mètres cubes par seconde, son étiage extrême n’étant que de 2 mètres et ses crues de 400 seulement. Au