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GÉOGRAPHIE.

de la Suisse 396 ; celle de l’Italie 410 ; celle de l’Espagne 570 : en tout, 2 170 kilomètres de frontières terrestres ; 5 092 avec les frontières marines.




CHAPITRE II

MONTS, PLATEAUX, PLAINES, RÉGIONS NATURELLES


La montagne, les montagnards. — L’âme de la nature c’est la mer, fontaine des pluies, réservoir des eaux, outre des vents sonores. La montagne attire ces pluies, renouvelle ces eaux, divise et distribue ces vents.

L’Océan, chaudière de vie, brasse et mêle courants, souffles et climats ; il porte au Nord la tiédeur du Tropique, au Tropique la fraîcheur du Nord. La montagne ne mêle pas les climats, elle les sépare suivant ses versants, elle les étage suivant ses hauteurs. Immobile et morte, sauf les roches qui tombent, les torrents qui roulent, les avalanches qui croûlent, les glaciers qu’on ne voit pas marcher et qui marchent pourtant, elle est, dans sa petitesse et sa tranquillité, cent fois plus diverse que l’immense et mobile Océan qui s’agite par toutes ses vagues, se ride à tous les zéphyrs et se plaint sur tous les rivages. Sierras baignées d’eau glauque, plateaux, vallons ténébreux, forêts d’algues, monstres marins, les poissons, leurs légions, leurs campements, leurs batailles, toute cette vie pullulante de la mer féconde que l’harmonieux aveugle nommait la mer infertile, ce que le plongeur entrevoit, ce que devine la sonde, tout cela nous est caché dans les profondeurs du « sel divin », sous le masque vert ou bleu des flots.