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FRANCE.

la santé, le lustre de ses animaux ; le petit fleuve y reçoit l’Orbec à Lisieux, la Calonne à Pont-l’Évêque ; l’une et l’autre rivière ont pour commencement une fontaine superbe : surtout l’Orbec, né de la source de la Folletière, que peu valent en Normandie, dans cette province où jaillissent pourtant de si belles eaux pérennes. La marée enfle la Touques jusqu’à Pont-l’Évêque.

Après la Touques la Dive, après la Dive l’Orne, qui s’unissent à la Manche sur un lit de sables apportés par la mer : ces sables, la Manche les tire des écueils du Calvados, peu à peu réduits de roc en rocaille, et de rocaille en grains transportés par les flots où bon leur semble. La Dive, longue de 100 kilomètres, navigable pendant 28, vient du Merlerault comme la Touques, et ; comme elle, s’avance vers la Manche entre deux villes de bains, Dives et Cabourg, près de Houlgate et de Beuzeval, qui bâtissent aussi des hôtels et des chalets pour ceux qui viennent demander la force ou le plaisir à l’écume salée.

L’Orne (155 kilomètres), ruisseau devant Séez, rivière à peine devant Argentan, coule dans les sinueux défilés d’Harcourt-Thury ou Thury-Harcourt, site normand qu’on pourrait croire limousin, et presque alpestre ou pyrénéen : l’humble fleuve, au pied de roches escarpées, y quitte les bois et les prairies du Bocage pour la plate nudité de la Campagne de Caen, sol calcaire et sec, exubérant en froment, en orge, en colza. À Caen, riche en monuments du moyen âge, l’Orne se verse en partie dans un canal latéral permettant à cette ville d’envoyer des caboteurs à la Manche, des navires à l’Angleterre. Ce canal, profond de 4 mètres[1], entre en mer, ainsi que les deux branches de l’Orne, près d’un bourg qui porte le nom singulièrement germanique d’Ouistreham.

En 1588, l’Invincible Armada, que les éléments plus

  1. On veut porter sa profondeur à 5 mètres.