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FRANCE.

l’autre, là qu’il reçoit des rigoles venues souvent de fort loin, en courbes infinies, pour amener l’onde nécessaire aux éclusées de la rivière artificielle.

En creusant les canaux l’homme suit l’exemple de la nature : une rivière normale, non encore usée par le temps, est faite de lacs arrondis ou allongés, biefs tranquilles qui se versent l’un à l’autre par de longs rapides ou des chutes violentes : seulement l’homme a remplacé le péril mortel des cascades par la sécurité des doubles portes d’écluse.

La Seine communique avec la Loire par le canal du Loing et le canal du Nivernais ; avec le Rhône par le canal de Bourgogne ; avec la Meuse par le canal de la Marne au Rhin, le canal des Ardennes et le canal de l’Oise à la Sambre ; avec la Somme et l’Escaut par le canal de Saint-Quentin.


Le canal du Loing remonte la vallée du Loing à partir de Saint-Mammès, port de là rive gauche de la Seine en aval de Montereau ; par Moret et Nemours, il arrive à Buges, à 4 kilomètres au-dessous de Montargis. Là il se divise en deux branches : la branche de droite prend le nom de canal d’Orléans et finit dans la Loire, à 6 kilomètres au-dessus de la ville de Jeanne d’Arc ; celle de gauche, sous le nom de canal de Briare, remonte le Loing, par Montargis et Châtillon, jusqu’à Rogny, où elle monte sur le plateau par un bel escalier de sept écluses entre de vieux sapins ; après quoi, par le vallon de la Trézée, elle arrive en Loire à Briare. Il y a 126 kilomètres entre les deux fleuves par les canaux du Loing et d’Orléans, 113 par ceux du Loing et de Briare. Le canal du Loing reçoit ses eaux du Loing ; celui d’Orléans puise dans quelques ruisseaux et dans onze réservoirs contenant ensemble près de quatre millions de mètres cubes ; celui de Briare est alimenté par le Loing, par des ruisseaux et par dix-huit étangs ayant, tous réunis, près de 500 hectares. Ces canaux rachètent leurs diverses