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GÉOGRAPHIE.

teaux sans rivière : de même l’Ouanne tire moins d’eau de ses affluents apparents que des ruisseaux souterrains qui viennent jaillir en flots purs dans sa vallée basse, au pays de Château-Renard. Il traverse Nemours, dont les superbes entassements de grès annoncent le voisinage de la forêt de Fontainebleau, puis, côtoyant cette forêt, il va se perdre dans la Seine, rive gauche, près de Moret. À l’étiage ordinaire, c’est environ de 4 mètres cubes d’eau par seconde qu’il augmente le fleuve parisien.

L’Essonne (100 kilomètres), qui s’achève à Corbeil, rive gauche, par à peu près 30 mètres d’altitude, est une rivière modèle, utile à l’industrie, inoffensive aux riverains ; les sources qui la font, celles qui l’accroissent, continuent des ruisseaux cachés dans la profondeur de la terre sous le filtre du plateau beauceron. Jamais cette onde étroite et pure ne sèche beaucoup, jamais non plus elle ne déborde sur sa vallée parfois humide et tourbeuse, et il y a des années où son niveau reste le même à 30 centimètres près ; elle donne en été 4 500 litres par seconde, volume que la sécheresse séculaire de 1870 a fait exceptionnellement descendre à 2 800 ; ses crues sont à peine de 8 000 litres, trois fois l’étiage, tandis qu’il est des rivières françaises capables de rouler cent et mille fois le filet d’eau que l’été leur laisse. La rivière d’Étampes, la Juine, est en tout semblable à l’Essonne, dont elle soutient le cours.


À voir la Marne en face de la Seine, aux portes de Paris, à Charenton, par moins de 30 mètres d’altitude, on comprend difficilement qu’elle ait 50 kilomètres de plus que le fleuve fait de la rivière de Troyes et de celle d’Auxerre. Malgré sa longueur de 450 à 500 kilomètres, dans un bassin de 1 289 500 hectares, elle n’est que pour un tiers, dans les flots irrités par les ponts de Paris. En moyenne, elle ne roule pas plus de 75 mètres cubes d’eau par seconde.