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GÉOGRAPHIE.

hauteur ; plus de 11 mètres de largeur à la base et près de 5 au sommet ; vaste de 404 hectares avec 16 kilomètres et demi de contour et 18 mètres de profondeur à coupe remplie, le réservoir des Settons a été construit de 1855 à 1858 pour aider au flottage estival de la Cure, à la navigation de l’Yonne, aux éclusées du canal du Nivernais et du canal de Bourgogne. Avec de semblables retenues, nous grandirions toutes nos rivières et, sans même sortir du bassin de la Cure, on pourrait arrêter 10 500 000 mètres cubes dans la gorge de Bussières, sur le Tournesac, tributaire du Cousin. Du granit passant au calcaire, la Cure touche la colline de Vézelay, qui porte une des grandes églises du moyen âge, puis elle rencontre le tertre d’Arcy : là, en temps de crue, les flots que le lit normal ne peut embrasser, entrent dans une grotte et percent de part en part le coteau. Ces sortes de chemins couverts ne sont pas rares sur les rivières du calcaire, La Cure a pour tributaire le Cousin (60 kilomètres), torrent de la pittoresque Avallon.

À son passage sur la grande oolithe, roche de peu de tenue, le Serein (115 kilomètres) perd toutes les eaux des fontaines qui ruissellent pour lui sur les froids plateaux de Saulieu : il n’a pas une goutte en été devant Noyers, mais là-même il renaît par des fontaines vives.

L’Armançon (200 kilomètres) roule des eaux troubles dans ses gorges supérieures, qui relèvent du lias, roche compacte ; et encore faut-il de longues pluies pour qu’il veuille : bien couler et non dormir autour de Semur, ville escarpée digne d’une rivière et qui n’a qu’un fossé. En aval de Semur, les calcaires lui envoient des sources constantes, quoique fort variables : telle est la fontaine d’Arlot, qui peut descendre à 80 litres par seconde et monter à 9 000. Cette rivière, qui baigne Tonnerre, a pour affluent la Brenne. En remontant ce pauvre tributaire, on arrive à la plaine des Laumes, où se lève, au-dessus de trois mauvais ruisseaux du lias, une colline isolée de 418 mètres, assez dure à gravir. C’est le mont Auxois,