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GÉOGRAPHIE.

2o Massif de Sancerre. Sologne, Brenne, Beauce, Gâtinais, Brie. — Près du centre de la France, non loin de Sancerre, ville fièrement campée sur une colline regardant de plus de 150 mètres de haut le lit de l’inconstante Loire, le massif de Sancerre lève à 434 mètres la plus élevée de ses collines de craie : c’est le lieu de départ de la Sauldre, principale rivière de la Sologne.

Du massif de Sancerre aux collines de Perche, c’est-à-dire de la France du centre à celle du nord-ouest, il n’y a pas un seul coteau régnant sur l’horizon ; ce ne sont que taupinières, talus, rares sillons de vallon ou de vallée, et çà et là de vagues soulèvements, car il est au monde peu de pays plats comme une table de marbre, unis comme un lac tranquille. Nous avons là deux grandes plaines, la Sologne et la Beauce : l’une au sud, l’autre au nord de la Loire.

La Sologne partage ses 450 000 à 500 000 hectares et ses 100 000 habitants à peine entre deux départements, le Loir-et-Cher et le Cher ; à la Ferté-Saint-Aubin, à la Motte-Beuvron, à Salbris, le chemin de fer d’Orléans à Vierzon la traverse à peu près par le milieu. Elle s’étend du Cher à la Loire, sur le Cosson et le Beuvron, tributaires de gauche de la Loire, et sur la Sauldre, affluent de droite du Cher. Terre imperméable, stérile, dure au colon, elle a des bois qui la parent, des étangs qui la ruinent. Dans le seul arrondissement de Romorantin, près de mille bassins d’eau croupie reflètent le ciel et distribuent la mort. Plus que l’indigence du sol, ces lagunes font la misère du peuple solognot : moitié lacs et moitié marais sur fond d’argile et de mâchefer, elles abandonnent en été leurs rives ; alors, née des limons fervescents, la fièvre frappe à la porte des cabanes ; la Sologne est malsaine autant qu’elle est pauvre.

Mais ce destin peut changer, déjà même il change : un plateau penché qui était forêt doit cesser d’être marécage, sa pente fût-elle presque insensible ; or, la Sologne est assez inclinée. Vider les étangs, planter des arbres,