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GÉOGRAPHIE.

est plus éclatant : en bas, c’est la Toscane pendant toute l’année ; en haut c’est la Suède et presque la Laponie durant les cent jours de l’hiver.

Le Ventoux appelait un observatoire des vents, des pluies, des tempêtes, sur son sommet dont l’azur trompe : où le passant d’en-bas, où l’homme des vallées voit un éther dormant, il se livre au contraire un éternel combat des puissances du ciel. Cet observatoire, il l’a maintenant, et l’on y dégagera, si l’on peut, les lois qui président aux passages des nues, aux mêlées des souffles de l’air.


Les Monts de Lure, également crayeux, continuent le Ventoux vers l’est jusqu’à la vallée de la Durance au-dessous de Sisteron. Roches arides, gorges nues et tourmentées, ils ne font pas de grandes rivières, mais de capricieux torrents, l’Ouvèze, la Nesque, le Caulon, la Largue et la Laye, ces deux dernières nées de sources puissantes. Leur plus haut sommet (1 827 mètres) domine de 1 100 mètres la ville de Saint-Étienne-les-Orgues.


Entre la plaine d’Avignon, le Caulon et la Nesque, les Monts de Vaucluse, faits de craies, atteignent. 1 187 mètres au sommet de la Garde, au nord-est d’Apt. Sur leur dos s’étend un plateau stérile, dénude, criblé d’avens où se précipitent les eaux d’orage, flots louches dont se fait dans l’ombre la transparente Sorgues de Vaucluse.


Le rougeâtre Lubéron ou Léberon, en partie crayeux, tombe au nord sur les gorges du Caulon, faible torrent, au midi sur la large plaine de la Durance, torrent colossal. Il revêt ses rochers de teintes méridionales sous le chaud soleil de Provence. S’il fut sylvestre, il ne l’est guère ; maison y plante des chênes truffiers et les forestiers essayent d’y conquérir 4 000 hectares à des bois futurs. Son plus haut sommet (1 195 mètres) se lève au sud-est d’Apt.